Au tout début des années soixante j'avais une dizaine d'années. C'était à Royan, un été. Cette ville "toute neuve" portait en elle la trace de la guerre encore proche durant laquelle elle avait été quasiment détruite. La reconstruction n'était pas encore terminée... Sur le toit d'un des immeubles blancs immaculés (à l'époque) avoisinant la maison familiale elle aussi reconstruite une musique tonitruante... Mon cousin Jean-Bernard et moi ouvrons notre plus haute fenêtre. "Ils jouent un morceau des "Chats d'eau" déclare JB d'un ton expert". Pas question de remettre en cause les connaissances musicales de mon cousin : look "rocky", en plus il avait au moins 14 ans alors, pour moi, il était infaillible ! On distinguait quelques musiciens installés sur une terrasse et ces sons métalliques caractéristiques de la "musique de blousons noirs" comme disaient certains adultes. "Chats d'eau ?" le nom perçu ainsi phonétiquement m'intriguait, certes je connaissais (de nom) les Chats sauvages. Mais je connaissais également l'aversion des félins pour l'eau... bizarre ce nom.

Ce n'est que plus tard que je m'initierai aux charmes du dialecte de Madame Thatcher... La dénomination "Shadows" fut donc enfin comprise. Guitares préhistoriques, morceaux souvent très "easy listening"... On était à des années lumières des folies hendrixiennes ! Mais quel charme à l'écoute de ces vieilles galettes, vain dieux quelle remontée dans le temps !

Accompagnateurs de Cliff Richard, période "rock and roll" ils suivent ensuite la démarche "commerciale" commune vers des morceaux très "variétés". L'arrivée des Beatles a joué un rôle d'aiguillon vers la bonne direction. Certains albums ont des tonalités pop-rock style "London beat" plus pêchues.