. Récapitulatif de l'ensemble des parutions de la rubrique « "Histoires" de disques »

. Récapitulatif de l'ensemble des parutions de la rubrique « Nostalgie des années soixante »

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Souvenirs
sixties :
Le cirque Pinder
A l’époque la télévision était quasi inconnue aussi les cirques étaient prisés et donc en pleine expansion. Ce qui me plaisait le plus, en tant que garçon, était le ballet de ces énormes camions qui envahissaient la place. Ces mats que l’on hissait péniblement, ce chapiteau que je voyais lentement prendre forme.

Il y avait Pinder, Amar, Bouglione, Circus 51 (je ne suis plus sûr de l'année), Francki ainsi que de nombreux petits cirques familiaux qui nous intéressaient moins. Mon préféré était Pinder avec ses extraordinaires véhicules militaires américains reconvertis et recouverts de couleurs jaune vif, Bouglione était en rouge, Amar en jaune/beige, Francki en rouge et blanc... Aujourd’hui je ne sais pourquoi, ma mémoire conserve avec une grande précision tous les détails de ces petites villes sur roues. Ce design kitsch que l'on retrouve dans l'art forain est une expression d'art populaire naïf qui ne me laisse pas indifférent et rejoint certainement ma vinylmania... J’ai eu la surprise de constater que des collectionneurs achètent des miniatures fidèles dans les moindres détails de ces véhicules rarissimes et (je le croyais) oubliés.

Le foirail pourtant vaste n’était pas suffisant, certaines caravanes du personnel et d’artistes se garaient dans les rues avoisinantes dont la nôtre. Parfois mon père proposait à un couple de caravaniers de tirer jusqu’à leur roulotte un fil électrique que l’on retrouvait débranché sur le trottoir le lendemain matin. Quelle chance si un cirque arrivait un jeudi ou un dimanche ! Je pouvais alors assister à tout le montage du chapiteau.

Une année un groupe de " circassiens " m’interpelle : " Petit, va nous acheter deux beaux pains, voilà de l’argent ". Je n’aurais pas été plus ému si le général de Gaulle m’avait demandé le même service ! Pour moi à l’époque la fonction de monteur du cirque Pinder était le summum de la réussite sociale !

Les Z..., voisins immédiats, essayaient vainement de jouer la solidarité tzigane pour obtenir une entrée gratuite. En échange de travaux insalubres dans les écuries ils recevaient des monteurs dont ils faisaient ainsi une partie du travail des " billets d’entrée ", en fait des réductions de quelques dizaines de centimes sur un prix bien plus élevé !

Le « Circus 59 » était sponsorisé par la RTF. Il y avait " le Jeu des mille francs " et des animations liées à la radio et à la télévision. L’animateur de l’époque, Roger Lanzac je crois, faisait souvent entrer des enfants gratuitement. Une attitude qui contrastait avec ce monde somme toute cruel. Les animaux et le petit personnel ne semblaient pas si heureux que ça. Ils étaient tous à l’étroit, semblaient vivre dans le noir et la saleté. J’ai même été témoin, visitant le zoo d'un grand cirque, d’animaux frappés par des garçons de piste parce qu’ils n’avançaient pas assez vite à la sortie du spectacle.

Au " Circus 59 " une remorque attirait particulièrement la foule : sa devanture était garnie de téléviseurs noir et blanc (rappelons-nous au passage les gros appareils de l'époque) devant le public tenu à distance par une barrière. Une de ces énormes caméras des pionniers de la télé, posée sur un chariot, filmait les passants. C’était extraordinaire de pouvoir s’entrevoir à la télévision et la foule affluait, certains ne venaient que pour " se voir à la télé ".

Peu d’enfants du quartier allaient au spectacle, certains au zoo seulement, les temps étaient durs. Le soir on voyait arriver la bourgeoisie avec leurs belles autos pour assister au spectacle. Mais en fait plus que le show lui-même, ce qui m’intéressait c’était cette extraordinaire ambiance. Mon attraction préférée était de voir manœuvrer ces gros véhicules et leurs nombreuses remorques ainsi que ces duos de monteurs munis de masses qui à tour de rôle, dans un synchronisme parfait enfonçaient de gros piquets dans le sol. Le gros groupe électrogène se mettait à gronder le soir venu, la place s'illuminait et la musique était de plus en plus forte. Les grands mats, guirlandes et autres enseignes s’illuminaient et transformaient notre terrain de jeux en un univers fabuleux. La nuit de mon lit j’entendais l’orchestre du cirque, les claquements des fouets des dompteurs et les applaudissements du public. Régulièrement retentissaient des feulements effrayants venant du zoo, des barrissements d’éléphants.

Au matin après une nuit bruyante seul restait un rond de sciure et des déjections d’animaux. Je réalisai alors l'immensité de choses que j'avais à découvrir au-delà de la Rue-neuve qui vit disparaître cette longue colonne de véhicules...

Ma mère avec un certain humour fumait ses fleurs au "crottin de lion" un luxe ! Mon père agacé par mon admiration devant "un homme qui marchait sur un fil" me déclara un jour qu’il pouvait en faire autant. Nous nous rendons alors dans le jardin sur le sol duquel traînait un fil à linge détendu sur lequel il effectue quelques pas.
— Tu vois moi aussi je marche sur un fil !



Texte relatif à mes souvenirs lors des passages des grands cirques...
Les véhicules précurseurs
Transport et montage
du chapiteau
Autour du zoo Pinder...
Caravanes du cirque
Électricité, atelier, logistique...
Front de chapiteau, caisses, animations
Publicité, la parade
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