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33 tours 25 cm achetés au vide-greniers de Saint-Jean d'Illac (Gironde) :

Six vinyles "improbables"

1er juin 2023

(*) Les cotations mentionnées s'entendent pour des vinyles en état neuf, dans le cas contraire un barème "d'usure" doit être appliqué. Les disques sont présentés chronologiquement. Lien vers la grille codifiant l'état des disques.

Sauf mention contraire pressage français.

Disques présentés en ordre chronologique exceptés ceux du même artiste qui sont regroupés. Si deux dates indiquées la première est celle de la réédition présentée, la seconde celle du tirage du pressage original.

J’aime bien les contrastes, encore plus lorsqu'ils ont un petit côté provocateur par rapport à certains spécialisés dans un unique style musical. Dans cette optique je mets en ligne simultanément une page sur le « rock allemand » et ces disques que je qualifie d’improbables vu qu’ils sont souvent négligés par les collectionneurs de vinyles et donc bien éloignés des sons rock and rolliens. Ces disques de 25 cm de diamètres rappelant les 78 tours « cohabitèrent » avec les gramophones durant les années cinquante, le temps que les consommateurs les remplacent par les ultra modernes électrophones… Donc en 2023 disques improbables : tant mieux pour moi qui peut ainsi les acheter encore un petit euro pièce comme pour cette série. Elle fut dénichée le 7 mai lors du vide-greniers de Saint-Jean-d’Illac en Gironde auprès de divers exposants. Ces vieux artistes oubliés nous parlent pourtant d’un passé proche, de nos anciens qui les appréciaient. Parfois comme avec Line Renaud que j’avais tendance à trouver meilleure actrice que chanteuse… un 25 cm fait découvrir une chanteuse performante … Difficile d’imaginer que nombre d’artistes que nous trouvons "géniaux" dans quelques années vont ainsi tomber dans l’oubli. Et pourtant…

Un aspect rarement évoqué au sujet des vides-greniers c’est leur gastronomie… J’ai ainsi pu déguster pour quelques euros un « burger » fabriqué « artisanalement » par quelques membres d’une asso locale rigolards, au milieu d’une fumée graillonneuse tourbillonnant au gré du vent. Des frites comme garniture bien sûr, dégoulinantes de ketchup, Paul Bocuse si tu nous regardes… Je n’irai jamais manger chez toi-même si cela doit être délicieux… Pourquoi ? Parce que par exemple ce 7 mai je me sentais bien au milieu de gens simples, comme on dit « nature » dans un coin sympa.

Photo 1 — Charles Trenet, 33 tours 25 cm,*
« Mes premiers succès », Columbia  33 SD 1034, 1955,
20 euros*

Une cinquantaine de 78 tours et une demi-douzaine de vinyles publiés par Charles Trenet durant les années soixante ont justifié cette compilation récapitulative. Son incroyable créativité a abouti à d’innombrables chansons qui font maintenant partie du patrimoine culturel français.

Pochette typiquement années cinquante avec aplats de couleur et photos noir et blanc, parfait état, donc un euro à sortir, je n’ai pas hésité. Il n’aura même pas à passer par ma machine à nettoyer les disques, le son est parfait, chose rare pour un vinyle de près de soixante ans…

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Photo 2 — Line Renaud, 33 tours 25 cm
« Line Renaud au Moulin rouge »,
Pathé AT 1099, 1956, 15 euros*

Elle doit avoir 95 ans, je pense que la plupart ne la connaissent qu’en tant qu’actrice, finalement assez douée. Dès 1945 c’est au music hall qu’elle fit pourtant ses débuts sous le nom de Jacqueline Ray. Sa rencontre avec le compositeur Loulou Gasté va booster sa carrière. Elle va alors prendre le nom scénique de Line Renaud. Ses premiers 78 tours datent de 1948. Elle commence parallèlement à la chanson une carrière théâtrale qui la fit connaître notamment par sa participation à la caravane publicitaire du Tour de France… Premier film en 1946… En 1947 son plus grand succès dans la chanson « Ma cabane au Canada ». En 1945 « Etoile des neiges », ainsi débuta sa carrière.

Elle eut un énorme succès au Moulin rouge d’où la publication du disque présenté. Sa carrière devient rapidement internationale. En 1959 elle devient meneuse de revue… On sait qu’en 1960 elle « parraine » un jeune chanteur, Johnny Hallyday dans l’émission l’Ecole des vedettes. J’arrête là, pour les détails le web fournit plein d’infos à son sujet. Donc ce disque m’a paru peu fréquent, il y a une compil sixties en revanche assez connue d’elle qui constituait jusque là mon seul 30 cm d’elle… C’est plus le personnage témoin de l’époque qui m’intéresse même si sur ce disque elle montre des qualités d’interprétation qui m’ont surpris.

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Photo 3 — Gilbert Bécaud, 33 tours 25 cm, homonyme, La Voix de son maître FDLP 1049, 1956, 8 euros*

Enorme vedette juste avant l’apparition des yéyés. Il jouait le rôle de « casseur de fauteuils de l’Olympia » qui lui fut « ravi » par les premiers rockers… Mais il sut rebondir durant les années qui vont suivre. Ses performances vocales ne m’ont jamais trop emballé. J’aime moyennement le personnage que je percevais comme « pas top sympa ». Cependant parmi ses centaines de chansons, quelques-unes sont pour moi vraiment réussies. De mémoire « les marchés de Provence », « Nathalie » etc … Lui aussi régnait sur la TSF et donc, qu’on aime ou pas, on entendait ses nombreux morceaux.

Pour l’anecdote son grand succès « Let it be me » en 67 fut repris par Bob Dylan, Elvis Presley, Nina Simone, Sony and Cher et James Brown ( !) Sa carrière continua ainsi jusqu’en 2001, date de son décès pour cause de cancer du poumon (grand fumeur).

Le disque présenté est son cinquième 25 cm, je possède également son second, daté de 1954. Son premier disque, un 78 tours, est daté de 1953.

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Photo 4 — Charles Aznavour, 33 tours 25 cm,
« Bravos du music-hall »,
Ducretet Thomson 260 V 090, 1957, 12 euros*

Il s’agit du quatrième 33 tours de Charles Aznavour (tous ses premiers albums sont de format 25 cm). A noter jusqu’à la publication de ce disque, en plus des trois premiers 25 cm, tout de même 21 45 tours de publiés… Ils fut un de ceux qui profitèrent les premiers de l'essor de ce nouveau support sonore, le vinyle.

J’ai trouvé amusante cette photo de son visage encore « juvénile » matérialisant l’ancienneté de l’enregistrement. Là nous avons une grande photo quadri et une pochette glacée assez rare à cette époque et qui constituait au niveau graphique le top de la technologie de l’époque.

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Photo 5 — Gloria Lasso, 33 tours 25 cm, homonyme, La Voix de son maître FDLP 1092, 1959, 12 euros*

Onzième album, toujours en format 25 cm de Gloria Lasso. Le premier, que je possède également, est daté de 1955. A noter la mise en vente jusqu’à la sortie de l’album présenté d’une vingtaine de 45 tours.

Encore une fois c’est la pochette présentant l’artiste sous forme de tableau, dans une belle impression glacée et en quadri qui m’a amusé. Vraiment très kitsch même pour la période de publication. Préface de Jean Cocteau au verso qui matérialise la notoriété de Gloria Lasso à l’époque. 80 millions d’albums vendus dans le monde (Espagne son pays d’origine, France, Amérique latine dont Mexique…)

Après une première carrière dans la chanson en Espagne, juste après la guerre civile, elle s’installe en France en 1952. Avec la chanson « Etranger au paradis » et sa vente à plus d’un million d’exemplaires en un mois, elle fut, question disques vinyles, la première « millionnaire du disque en France ». L’arrivée de Dalida sur le marché de ce type de chansons qu’on nommait « espagnolades » mit quasiment fin à sa carrière, sans parler des yéyé qui vont déferler. La chanson « Bambino » qui lança Dalida plus haut qu’elle devait initialement lui être proposée puis « retirée » par Eddie Barclay. Ce dernier, découvrant Dalida, a préféré cette dernière à Gloria au dernier moment, donc assez « cavalièrement ».  Première matérialisation de la dégringolade de Gloria Lasso en tant que chanteuse avec la présence de Dalida.

Sa vie sentimentale fut plus que compliquée et amusait à l’époque on la crédite de six ou neuf mariages selon les modes d’estimation ! Suite à des problèmes fiscaux elle se réfugie au Mexique où elle aura un certain succès. Après des « navettes » France-Mexique c’est Pascal Sevran qui relancera sa carrière en France via des apparitions TV. En 1988 elle posera très peu vêtue dans « Lui » à 65 ans. Elle décède d’un infarctus en 2005.

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Photo 6 — Fernand Raynaud, 33 tours 25 cm, « Fernand Raynaud en avion », Philips B 767 R, 1963, 8 euros*

Dès les années 50, lancé notamment par Jean Nohain (émission « 36 chandelles » Fernand Raynaud fut un humoriste très aimé des français. Cet inventeur du « stand up » avait également la particularité d’aborder des sujets tabous en ces temps lointains, notamment le racisme, le chauvinisme… Il osait même « se moquer de l’armée » avec notamment « le fut du canon » et mimait de façon très « insolente » un défilé militaire… évoquait « la caserne des arriérés »… Ces « étrangers qui viennent manger le pain des français » sont plus que jamais dans l’actu avec l’élaboration actuelle de certains projets de loi.  Alors il faut imaginer durant les années cinquante et soixante… Bien sûr l’humour comme la chanson sont tributaires de sortes de modes et donc Fernand est tombé dans l’oubli sauf pour quelques « anciens » dont je fais partie. Il mérite le nom de « fantaisiste » car cumulant l’art du mime, donc d’humoriste mais aussi de chanteur une multiplicité de registres qu’il avait à son avantage.

Il est décédé en 1973 lors d’un accident de la route.

L’album présenté « Fernand en avion » » me semble un peu moins répandu dans les brocantes et la présence du sketch « le raciste », cela m’a motivé pour l’acheter. Sur la  photo on remarque que l’avion aux commandes du quel Fernand prend la pose est peut être un peu "improbable" lui aussi. Des déchirures apparaissent sur la carlingue et le plan supérieur. Il est probable que l’engin a été sorti de quelque hangar où il végétait pour les besoin d’un effet comique à la fois par l’aspect désuet même en 63 d’un biplan toilé et le fait qu’il n’avait pas de cockpit, permettant à Fernand Raynaud à l'airr libre de mette en valeur ses mimiques…