. Récapitulatif de l'ensemble des parutions de la rubrique « "Histoires" de disques »

. Récapitulatif de l'ensemble des parutions de la rubrique « Nostalgie des années soixante »

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Motivations des collectionneurs
Je reviens sur cette question finalement fondamentale du «pourquoi»... Pourquoi est-on collectionneur ? Pourquoi ce comportement finalement obsessionnel, notre «vinylmaniaquerie» ? Beaucoup préfèrent ne pas se poser la question... Cette page ne devrait pas les intéresser... Quoique... C’est peut-être plus facile d’aborder un problème à travers le ressenti d’une autre personne... La même curiosité qui va souvent me faire acheter un vinyle simplement pour découvrir ce qu’il contient m’amène à oser me poser cette question. Grand mystère de la psychologie, c’est sûr cela fait peur à beaucoup.

Cette page est destinée à ceux qui comme moi veulent essayer de «se» comprendre. Cette démarche peut aller plus loin à titre individuel... En premier je vais essayer d’évoquer mes motivations personnelles. Ensuite je vous propose un article de «Sciences et Avenir» qui, comme toute bonne revue, a l’avantage de résumer des textes pas toujours faciles pour le profane. Le langage des psy est assez ésotérique, cette revue est assez pédagogique... Enfin, si vous êtes toujours intéressé, je vous propose une sélection de liens qui m’ont paru intéressants sur cette question. A chaqu’un d’essayer d’analyser son «pourquoi»...

Essai d’approche de mes motivations personnelles

Tout ce qui est «psy» est lié à la toute petite enfance. Notre comportement «addictif» a une symbolique difficile à déchiffrer. Pour ma part je ressens cette impression de remonter dans le temps devant mes rayonnages de disques des années cinquante-soixante, période de mon enfance... Ce temps qui est passé si vite... J’ai sans nul doute des regrets, de ne pas avoir «fait mieux ma vie»... Ce retour en arrière virtuel me donne l’impression que je peux refaire «mieux» ce qui a passé si vite !

Nul doute que dans mes motivations il y a aussi un certain désir de «puissance» être «un expert» même dans le domaine malgré tout restreint d’un objet mythique, être «riche» en possédant de grandes quantités d’un objet même s’il ne s’agit que d’un type d’objet...

L’esprit «de compétition» est partout, le «combien as-tu de vinyles ?» le résume. Essayer d’être «prems» même dans un domaine non vital, semble être dans nos gênes, même si certains comme moi détestent cette réalité... A moins de tartufferie il faut l’accepter car c’est en nous... On se concentre dans un domaine, accumule les connaissances, on «connaît» on «maîtrise» on «assure» dans cet espace «protégé» du vinyle ou de toute autre collection, qu’on s’est créé et qui nous rassure...

Lorsqu’on allumait l’électrophone familial, c’était une petite ou grande fête. Contrairement à la radio, constamment opérationnelle, l’électrophone était rangé on ne l’installait qu’à certains moments. Soit à l’issue d’un repas de famille,ou lors des fêtes de fin d’année, un moment de détente un dimanche soir d’hiver, etc. Ce n’est que quelques années plus tard, au moment de mon adolescence que ce tourne-disques est resté constamment opérationnel dans ma chambre... Ces moments agréables, où les contraintes du travail scolaire, de la discipline, de la vie sociale étaient oubliées je souhaitais les vivre en permanence et je n’étais pas le seul vu le déferlement des années «yéyé»... Le refus du monde dit «sérieux», de se plier à la discipline de l’école, de l’armée et surtout du salariat qui nous attendait, des responsabilités...

Le rituel du choix de la pochette, de la sortie soigneuse du précieux disque, son essuyage éventuel, la pose sur le plateau et l’écoute, c’était notre messe. Le «Tournidol» petite figurine représentant «l’idole» sur le rond centreur accentuait pour certains à l’extrême ce côté «religieux» ! Dans «Rock and Folk» un article comparait un Teppaz «Balad» (à piles) posé par terre à la fin d’un concert des Rolling Stones à un feu de bois. Autour de ce «foyer» les fans de Jagger, dans la gare qui allait les renvoyer à la vraie vie, se rassemblèrent une dernière fois pour se réchauffer en écoutant un vinyle des Stones... Avoir chaud au coeur, que dire de plus, il ne faut pas être trop long sur un site...

Dans mon cas particulier ce site internet que je gère complique les choses... Probablement une autre démarche une autre motivation ? On alors un complément de ma vinylmaniaquerie ? L’interactivité de ma collection complique la donne... En tout cas on retrouve ce besoin de reconnaissance, c’est certain...

Nul doute qu’il y a ce «besoin d’être différent» dans mon cas. Ce conditionnement, cette uniformisation de nos vies, matérialisé notamment par le consommation... Des produits uniformes, dans des lieux uniformes, des comportements uniformes, une pensée uniforme... Les cheveux longs c’était certes un comportement typique d’ado... Mais cela avait une autre signification, je dirais presque «politique»... Pour la première fois on outrepassait les critères machistes du mec viril que le père «transmettait» au fils. A l’époque il fallait avoir la coupe GI, faire du sport et basta... au boulot ! Je caricature mais ces looks ambivalents qu’on affectionnait, cela allait bien plus loin qu’une simple crise d’ados... Je vous rassure mes moeurs sont très orthodoxes mais l’évocation même codée de l’ambivalence entre le masculin et le féminin, terrain favori de Freud, c’était vraiment révolutionnaire surtout en tant que phénomène de masse...

Être différent, ou du moins avoir cette impression car je crains que l’emprise de la société soit plus forte qu’on le pense... Le collectionneur est un «original», il cultive cet aspect, même si cette appellation est péjorative... Certains poussent ce besoin d’originalité en inventant de nouvelles collections... Une personne qui m’est très proche collectionne... les «petits pots», en fait des poteries miniatures... Elle est quasiment la seule à faire cela, du moins dans notre environnement proche, ce n’est pas par hasard au niveau de des motivations... Faire quelque chose qu’on n’est pas obligé de faire, qu’on a choisi, qui ne répond pas une logique «utilitaire» comme celle inculquée par la société.

Dans mes rayonnages des bribes de «vie». Chaque galette raconte un bout de l’Histoire, «mon» histoire, même de façon symbolique... Ce chemin parcouru, pas toujours rectiligne, a laissé ces traces... Cette petite tâche de bougie sur un vieux «Doors», me ramène à la pénombre «voulue» d’une soirée près de Bergerac, qui cachait nos premiers ébats sexuels. La chaude voix de Jim, déculpabilisait notre décadence temporaire, la mise sous le boisseau provisoire de critères dits «moraux»... On devenait des hommes et des femmes du moins le croyait on... dans une mémorable partie de jambes en l’air...

Vous êtes toujours là ? J’espère ne pas trop choquer... Dès qu’on creuse dans son «moi» on arrive sur des choses «choquantes» au sens de notre morale officielle, d’où la difficulté de faire avancer les idées et techniques dites «psy»... Freud outre sa judéité ne pouvait qu’être hai par Hitler en évoquant cette «intolérable vérité» qui relativise masculin, féminin, bien, mal; plaisir, souffrance...

Petites précisions supplémentaires. Les centres d’intérêt à l’intérieur des différentes collections sont souvent comparables... Le défaut d’aspect : par exemple chez nos amis philatélistes certains timbres avec une petite erreur de gravure, couleur, une dent de papier en moins. Chez les bibliophiles il va y avoir une erreur typographique, tout cela ressemble étrangement à «nos» Beatles avec une faute dans l’intitulé d’une chanson, etc. La série limitée, un classique pour les timbres de collection, le livre avec son tirage limité luxe numéroté et nos vinyles où des petits malins créent des séries limitées pour tenter les collectionneurs... La petite brochure d’un auteur qui va devenir célèbre rejoint le microsillon test pressing de telle rock-star... L’accumulation n’est pas obligatoire, pour exemple une collection d’une dizaine de vinyles des Beatles nickels avec la série OSX, le «Butcher cover original», le «Beatles sandwiche» va en valeur monétaire mais surtout en prestige dépasser d’autres collections pourtant de milliers de pièces... A Paris, pour être précis avenue de l’Opéra, j’ai découvert un bureau loué à prix d’or dans ce quartier. A l’intérieur de celui-ci un coffre-fort contenant quelques timbres rarissimes (certaines pièces avoisinent le milliard de centimes de valeur !) De temps en temps le négociant vend un de ces timbres et cela lui suffit pour vivre durant de longs mois ! Deux ou trois timbres de ce niveau surpassent là aussi bien des volumineuses collections.

J’arrête là, et publie à la suite des explications plus rationnelles et compréhensibles de «Sciences et Avenir», vous y retrouvez d’ailleurs des choses que je viens d’exprimer et d’autres qui vous concernent probablement... L’important est de s’accepter (et aussi d’être accepté par les autres car heureusement on n’est pas seul).

Extraits d’articles de «Sciences et Avenir»
(Les parties en gras le sont par mes soins...)

Tout se collectionne, des œuvres d'art aux bouteilles. Mais que peut bien signifier une collection d'objets fabriqués en série, à l'identique? Les collectionneurs de cartes téléphoniques ne détiennent pas des objets uniques: celles-ci sont tirées à des milliers d'exemplaires. Pourtant, leur quête est bien celle d'une totalité où les raretés prennent leur signification au milieu des éditions courantes. On veut tout, le commun et le singulier. Le commun pour faire valoir le singulier. Ainsi Sir Thomas Phillipps, dont la collection de livres n'a pu être épuisée en soixante ventes chez Sotheby's, voulait acquérir un exemplaire de tous les livres du monde. Le rêve des collectionnomanes n'est qu'une quête vouée à l'échec mais qui trouve dans son inachèvement sa justification.

D'ailleurs une collection finie est une collection morte dont le propriétaire se débarrasse pour en commencer une autre. Le désir de tout avoir, propre à notre vie moderne, nivelle les rapports aux choses. Tout s'équivaut, les choses importantes et les petites. Comme l'explique Ch. G. dans La Totalité: "C'est le sentiment très fort de n'avoir plus de maîtrise sur les choses qui peut à la fois s'exprimer et se compenser par le désir d'accumulation. ...Puisqu'il n'est pas possible de tout avoir reste le plus court chemin de la synecdoque qui, par l'extraordinaire de l'ellipse quelle représente, nous offre le monde dans une coquille de noix".

L'accumulation d'objets hétéroclites peut aussi être vue comme une manière de rejeter la société de consommation. Les amasseurs compulsifs luttent inconsciemment contre l'idée qui veut qu'une fois utilisé, passé de mode, un objet soit jeté. La rétention est anormale dans une société où les objets ne sont pas conçus pour être gardés et les relations à ces objets doivent rester indifférentes. La maison de certains ressemble d'ailleurs à la boutique bien achalandée d'un chiffonnier : "Ca peut toujours servir."

On peut décrire deux types de comportement de collection: d'un côté l'activité d'appropriation et de l'autre la rétention d'un ensemble d'objets choisis entre autres pour leur qualité, leur beauté, leur rareté ou leur caractère historique, et le plus souvent détournés de leur fonction première.

La collection a des caractéristiques bien particulières: les éléments qui la composent appartiennent tous à une même classe plus ou moins large, mais chaque objet ou exemplaire reste différent de l'autre. A part, la pièce unique, emblème de la collection. D'autres objets sont des doubles et servent à l'échange. Mais la collection ne se construit pas seulement dans la série (forcément inachevée pour qu'elle ne s'arrête pas), elle se conçoit aussi par l'inclusion d'éléments choisis et élevés au rang d'objets de collection pour faire partie d'un ensemble dont le collectionneur est le chef d'orchestre. On peut considérer que ce dernier est motivé par le désir de possession, par l'émulation, par la tendance au classement et par le besoin d'activité désintéressée. Collectionner n'est pas en soi la manifestation d'un trouble psychique. En effet, il ne faut pas confondre les activités de collection socialement approuvées avec les formes pathologiques de cette activité, qui regroupent deux types de comportement. Dans la première catégorie, l'activité du collectionneur représente une déviance des conduites socialement approuvée; c'est la collectionnomanie, dans laquelle l'appropriation s'accompagne de conduites anormales, dont les plus spectaculaires sont le crime ou le vol. Le bibliophile anglais Sir Thomas Phillipps, qui a consacré sa vie à l'acquisition d'un exemplaire de tous les livres publiés dans le monde entier, a préféré voir sa femme mourir plutôt que de payer les soins nécessités par sa maladie avec l'argent destiné à sa collection. L'aspect passionnel qui entoure souvent ces conduites peut ainsi compliquer l'adaptation sociale de l'individu. Le second cas est celui du collectionnisme: ce n'est pas ici la façon de s'approprier l'objet qui a un caractère pathologique comme chez le collectionnomane, c'est la relation aux objets de la collection. Ce n'est pas leur qualité qui est privilégiée, mais leur quantité. Il n'y a ni exemplaire, ni pièce unique, ni série, ni échange, mais amoncellement hétéroclite et pêle-mêle de divers objets manifestement sans valeur (journaux, morceaux de bois, barres de fer, aliments, clous rouillés. Tel est le cas de Gérard, un patient de 50 ans dont le jardin est rempli de boites, de sacs, de détritus, de chaises cassées et de vieux morceaux de bois. Des portes et des morceaux de lits usagés encombrent son balcon. Les pièces de la maison sont occupées par des piles de vieux journaux, des parapluies et de vieux postes de radio. Gérard vit au milieu de cet entassement, dort dans ses vêtements et se lave rarement. Il nie l'amplitude du problème mais reconnaît ne pas pouvoir arrêter son amassement de lui-même Finalement, devant la pression des pouvoirs publiques et les plaintes des voisins concernant les odeurs et la présence de rats, Gérard a admis que s'il se faisait expulser de son logement, cela pourrait l'aider à stopper sa conduite. "Si je vivais dans une seule pièce, je pourrais recommencer et vivre normalement " se dit-il...

Dans ce type de comportement collectionniste, on distingue l'amassement pathologique à caractère compulsif, souvent classé comme une forme particulière du trouble obsessionnel-compulsif (TOC) car il correspond à des rituels interminables d'amassage ou à une incapacité à jeter des objets usagés. Certaines études concluent que près de 20 % des personnes atteintes de TOC seraient également des amasseurs pathologiques. L'histoire clinique des amasseurs compulsifs est souvent la même : elle débute aux alentours de la vingtaine, parfois dans l'enfance ou à l'adolescence. Les patients commencent progressivement à amasser des objets, le plus souvent usés: cartons, boites de conserve vides, journaux, matelas usagés, morceaux de fer sans valeur, etc. Cette collecte d'objets les plus divers s'effectue le plus souvent dans les décharges publiques, les poubelles ou dans la rue. Les malades rationalisent leur conduite en arguant de l'utilité potentielle "Ca peut toujours servir" ou de l'éventuelle valeur marchande de leurs trouvailles. Ils passent le plus clair de leurs journées à amasser, au détriment de leur vie familiale ou professionnelle. Rien n'est jeté. Et Même si les objets sont dans un premier temps classés, cette organisation disparaît rapidement devant la masse croissante des objets accumulés. Il est frappant de constater l'importance que peut prendre cet amassement dans l'espace de vie: ces patients ont souvent du mal à circuler dans leur maison du fait de l'encombrement des lieux. Bien souvent, ce sont les proches et la famille qui alertent le médecin et incitent le patient à consulter. Parfois, il s'agit aussi de pressions du voisinage. Dans une optique comportementaliste, on peut expliquer ces pratiques par la nécessité de neutraliser un sentiment de malaise, d'empêcher un événement ou une situation redoutés (apaiser l'obsession de perdre quelque chose par exemple). Les sujets admettent volontiers le caractère saugrenu et excessif de leur comportement; ils s'épuisent à lutter contre, en particulier au début des troubles, mais sans succès. Mais même s'ils reconnaissent l'absurdité de leurs conduites, ces patients considèrent souvent que l'acquisition d'un espace plus grand suffirait à résoudre leur problème. Aucun n'envisage le traitement médical des compulsions. La compulsion d'amassement se trouve souvent associée, dans le TOC, à d'autres rituels (comme, par exemple, le lavage des mains) ou à des vérifications en rapport avec des pensées obsédantes de nature variée. L'amassement pathologique se retrouve dans d'autres pathologies, comme les stéréotypies, des conduites répétitives observées chez des schizophrènes chroniques, ou dans certaines démences, ainsi que chez des patients ayant subi une lésion cérébrale, en particulier dans le lobe frontal ou dans la région sous-corticale. Enfin, signalons une forme particulière associée à des troubles du comportement social, connue sous le nom de syndrome de Diogène, et caractérisée par une clochardisation.

De nombreuses études, spécialement dans la littérature anglo-saxonne, lui ont été consacrées. Ces sujets âgés présentent un défaut d'hygiène corporelle et environnementale, et une détérioration du niveau économique associée à une personnalité marquée par une tendance à la suspicion et à l'introversion. L'étiologie de ce syndrome, qui peut également survenir entre 30 et 40 ans, relève soit d'un trouble sévère de la personnalité soit d'un processus émanant d'un dysfonctionnement du lobe frontal.

L'activité de collection, quand elle devient pathologique, doit être considérée comme un symptôme. Son caractère volontiers transnosographique allant de la névrose (TOC) à la psychose (schizophrénie), en passant par les démences et des aspects purement organiques (lésions cérébrales), permet d'en faire le prototype parfait d'une conception de la maladie mentale faisant la part belle aux hypothèses multifactorielles à la fois psychologiques, environnementales, génétiques et neurobiologiques

 Pierre a 7 ans. Il fréquente depuis plusieurs mois un hôpital de jour pour enfants où il est pris en charge pour un retard scolaire et des troubles du comportement accompagnés de violentes crises de colère. Il se révèle vif et observateur. Mais un comportement particulier attire l'attention : en cours de promenades en dehors de l'hôpital, Pierre ramasse de petits morceaux de bois et les fourre dans ses poches.

Quand on lui en parle, il répond qu'll ramasse depuis très longtemps des feuilles, des cailloux, et qu'il les ramène chez lui avant de les entasser sous son lit ou dans des sacs qui encombrent sa chambre.

Interrogé sur les raisons de cette conduite, Pierre répond par un dessin représentant une bulle où il s'enferme avec une feuille en invitant l'adulte à le rejoindre. Cet amassement déplaît à sa mère, qui jette systématiquement les sacs entassés par son fils, ce qui déclenche chez lui de violentes colères.

Pour Pierre, ces objets font partie de lui-même : Il les expose ou les montre, mais personne n'a le droit de les toucher. Pendant les périodes difficiles, il collectionne encore plus frénétiquement, ramassant tout ce qu'il trouve sur le chemin.

Tous ces objets, même des feuilles pourtant identiques, ont une signification pour lui. L'intérêt des pierres réside dans la possibilité de les assembler, celui des feuilles dans la réalisation de collages : "Ce sont des morceaux de moi que je recolle".

Le collectionnisme est un symptôme présent dans plusieurs pathologies. Le DSMV et la CIMOne le considèrent pas comme entité nosographique. Il correspond à la rétention d'objets divers souvent identiques consistant à l'extrême des amoncellements de détritus. Si l'amassement compulsif est souvent qualifié de collectionnisme, il renvoie aussi au TOC et à la personnalité obsessionnelle. Cette dernière concerne un mode de perfectionnisme et de rigidité affectivoidéiques avec souci d'ordre et de symétrie, avarice, préoccupation pour les détails et les règles. Ce collectionnisme ne s'associerait au TOC que dans l0 à 50 % des cas.

Cette distorsion entre les deux notions est expliquée par le fait que la personnalité obsessionnelle correspond à un aspect "égosyntonique" (le sujet est fier de sa conduite) par opposition au TOC, où l'aspect égodystonique est au premier plan (le patient souffre de sa maladie).

On peut ainsi distinguer le collectionneur obsessionnel de l'amasseur compulsif. Ce dernier accumule passivement n'importe quoi en rationalisant sa conduite. Il n'en va pas de même chez le collectionneur qui accumule de façon active des objets auxquels il est souvent attaché de manière symbolique. Il en tire un certain plaisir et ne peut résister qu'en raison des conséquences négatives de sa conduite (financières, socioprofessionnelles, etc.).

Malgré tout, il est évident que tous les collectionneurs ne sont pas des obsessionnels et que cette différenciation reste schématique.

La collectionnomanie se définirait au contraire du collectionnisme comme une passion répondant à un besoin tyrannique de constituer un ensemble d'objets sélectionnés selon les critères de la collection socialement approuvée et conduisant parfois à des actes criminels. Alors que la collection représente souvent une sublimation, la collectionnomanie représenterait une déviance de la conduite du collectionneur qui tend vers la forme pathologique par glissement passionnel; cette hypothèse ouvre le champ à une vaste étude "psychopathologique" de la passion.

Quelle est la fonction de cette collection chez Pierre ? Il s'agit vraisemblablement pour lui de lutter contre une angoisse majeure et déstructurante et de se protéger du monde environnant comme le petit enfant qui, au moment de s'endormir, construit un véritable fortin avec ses peluches favorites pour se protéger. L'objet, d'une manière générale, joue un rôle primordial à chaque période du développement de l'enfant: il permet en effet le passage de l'état de dépendance à sa mère à un processus d'individuation de la personnalité. C'est le rôle du "doudou", ce petit souvenir de la maman qui accompagne l'enfant partout.

Le goût pour les collections appartient assurément an domaine de l'enfance. Tous les enfants ou presque collectionnent des timbres, des petites voitures, des poupées ou des pièces de monnaie. C'est généralement à partir de 2 ans que l'enfant se met à collectionner. Il apprend ensuite l'échange, puis le classement du fruit de ses acquisitions.

La collection assure ainsi plusieurs fonctions: socialisation, structuration de la personnalité, individuation et maîtrise d'un monde environnant que l'enfant commence à appréhender. Il s'identifie à l'objet qu'il possède, qui lui sert à la fois de bouc émissaire et de protecteur.

Ce rapport à l'objet permet aussi la transposition de toutes les situations de conflit. L'activité de collection a fasciné les auteurs à travers les siècles depuis le collecteur d'impôts romain Verres qui préféra mourir plutôt que d'abandonner les œuvres d'art qu'il s'était appropriées en Sicile, jusqu'au Cousin Pons de Balzac, en passant par les Caractères de La Bruyère et son étude sociale " De la mode".

De nos jours, l'ampleur du phénomène n'échappe à personne: les foires, les brocantes et les salles des ventes attirent toujours un monde fou. Cette activité trouve également un corollaire dans le règne animal: à côté de la fourmi, qui amasse et thésaurise de la nourriture dans un but utilitaire, d'autres animaux récupèrent des objets sans aucun but.

C'est le cas notamment des vischachas, des rongeurs sud-américains qui accumulent dans leurs terriers des objets aussi insolites que des montres, des pipes, des couteaux et des armes à feu.

Bon, c’est peut-être un peu plus clair écrit par des «pros»... Si vous en redemandez encore voici, comme promis quelques liens (en espérant qu’ils vont rester actifs) qui complètent ou précisent tout ce qui vient d’être évoqué.

http://michel.terrier.pagesperso-orange.fr/radiocol/psycho-developp/psycho-collection-reflexion.htm

http://ladwein.free.fr/cas%20collectionneur/cas%20cca.htm

http://www.facebook.com/topic.php?uid=57602358335&topic=7407

http://www.lemarchedutimbre.com/forum_affichage_sujet.php?id_message=14264&f=4

http://www.larousse.fr/encyclopedie/article/psychologie_du_Collectionneur_et_de_la_collection/11005595

http://www.enmarche.be/Societe/Vie_quotidienne/Passion_collection.htm

(14 décembre 2011)